Étape 5 : de Tinejdad à Erfoud et Rissani

Plusieurs ksour accompagnent la route de Tinejdad à Erfoud. Entre eux,
Touroug a été restauré par le Ministère de l’Habitat et Achouria par une association locale avec
l’aide du Programme Oasis du Sud. Cette dernière restauration est d’une haute qualité, bien que l’ensemble a perdu beaucoup de
charme avec la construction d’une immense mosquée en béton à la place de l’ancienne mosquée en terre.
Au nord d’Erfoud, dans l’oasis de Tizimi, une route à gauche conduit
au ksar Jrana (31º 27,048’ N - 4º 14,000’ W), qui a aussi bénéficié dernièrement d’un
plan de réhabilitation. Aux autres ksour de cette palmeraie on y arrive par plusieurs pistes depuis la route de Jorf et la route
d’Errachidia.
Encore un peu plus au nord se trouve le plus grand ensemble architectural
de toute la région : Maadid (31º 27,987’ N 4º 12,922’ W). Il comprend quatre ksour collés entre eux
et son architecture offre un intérêt très élevé. Pour cette raison il est visité fréquemment par les touristes. En 1968,
Maadid fut objet d’un plan d’amélioration des conditions de vie de ses habitants financé par la FAO, grâce auquel il continue
d’être totalement habité. Malheureusement la superbe entrée a été refaite en béton.

Rue centrale du ksar Jrana |

Porte principale de Maadid, 2009 |

Entrée monumentale du ksar en 2009 |
Le Ziz, entre Erfoud et Errachidia
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Au nord de Maadid, la palmeraie laisse la place à un paysage aride, avec même quelques petites
dunes. Une fois passées ces étendues arides, nous prenons la première déviation à gauche. Tout de suite nous voyons le
ksar Bathatha (31º 36,923’ N - 4º 13,113’ W), fort pittoresque avec ses deux portes monumentales successives. En suite,
la Zaouïa Jdida (31º 36,982’ N - 4º 13,574’ W), toujours habitée, est dans un bon état de
conservation et ses rues pavées offrent un aspect serein et mystérieux.
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En suivant la même petite route on arrive à El Maârka
(31º 38,274’ N - 4º 12,892’ W), un ancien palais de Moulay Ismail dont il reste une porte fastueuse, décorée dans un
style citadin, avec profusion de mosaïques et de plâtre sculpté. Mais l’intérieur de l’enceinte est en ruine.

Porte du ksar El Maârka
Avant de ressortir à la route nationale, on passe encore à Zrigat, un groupement
de ksour qui furent très importants autrefois, mais qui ont souffert des inondations, puis au ksar El Gara, (31º 42,466’ N -
4º 11,774’ W) de double muraille et plan carré très régulier.
De retour à la route principale, les ksour se succèdent l’un après l’autre,
encore habités et pleins d’activité : Oulad Cheker (31º 46,413’ N - 4º 13,256’ W), Aït El
Khelef, etc. Un peu plus tard, au fond du canyon, on distingue la Zaouïa Amelkis
(31º 48,624’ N - 4º 16,117’ W).

Le ksar Oulad Cheker
On arrive ensuite à Meski (31º 51,307’ N - 4º 17,358’ W),
juché au sommet d’une falaise. La vue est splendide, mais le ksar est en ruine. Non loin, il y a une source naturelle transformée en piscine et
entourée de palmiers verdoyants.
Errachidia est une ville moderne sans intérêt, mais elle est située en pleine
oasis de Mdaghra, qui comprend rien moins que 37 ksour, accessibles par différentes pistes et routes. Malheureusement,
un grand nombre de ces ksour ont été détruits par les successives inondations.
Dans le périmètre urbain d’Errachidia nous devons signaler le
ksar Targa, qui a été objet d’un plan de réhabilitation et reste complètement habité. Il comprend deux quartiers,
l’un protégé par une double muraille, dans lequel vivaient les Chorfa, et l’autre qui l’entoure, occupé à
l’origine par les laboureurs de peau foncée qui travaillaient la terre appartenant aux premiers.
La haute vallée du Ziz
En sortant d’Errachidia vers le nord par la piste qui naît près du ksar
Targa, on arrive à Ksar Souk, composé en fait par quatre ksour, après avoir passé à côté d’autres
villages fortifiés. Ksar Souk avait autrefois une grande activité commerciale et donnait son nom à tout le district. Une bonne partie de ses
habitants étaient des Juifs.
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L’ancienne route qui parcourt la rive gauche du Ziz permet aussi de visiter
beaucoup d’autres ksour de Mdagra et de rejoindre ensuite la nationale.
Celle-ci nous conduit vers les gorges du Ziz par un beau
paysage, qui commence avec le barrage Hassan Eddakhil et suit avec la palmeraie verdoyante d’El Khenk, enfermée entre des murs de
roche.
Dans cette oasis on voit trois groupes de ksour d’une grande importance
historique et assez pittoresques, même si leur taille est réduite : Aït Atmane (32º 04,782’ N - 4º 23,163’ W),
Aït Immas (32º 07,515’ N - 4º 21,954’ W) et Tamarkecht (32º 08,252’ N -
4º 21,780’ W).
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Au delà des gorges du Ziz, la vallée s’ouvre et, même si on rencontre encore
quelques ksour, leur intérêt diminue peu à peu parce qu’ils sont chaque fois plus petits, et la plupart sont en ruine.

Le ksar Aït Immas
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Le Tafilalet
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Au sud d’Erfoud commence une des plus grandes oasis
de toute la région et l’une des plus connues : le Tafilalet
Elle est célèbre car, tout au long de l’Histoire, elle était une
importante étape pour les caravanes qui reliaient Fès à l’Afrique Noire et un centre commercial de tout premier ordre. On voit
encore les ruines de la grande ville qui fut Sijilmassa (31º 17,111’ N 4º 16,550’ W) du VIIIe au XIVe siècles.
La palmeraie se trouve dans un état pitoyable à cause de
la sécheresse, mais du point de vue architectural la richesse du Tafilalet reste considérable.
On y compte une cinquantaine de ksour encore habités et une demi douzaine
d’anciens palais bâtis par les Alaouites, dynastie surgie elle même de cette oasis au
XVIIe siècle. Parmi ces palais, on doit mentionner El Fida, Oulad Abdelhalim et Abbar.
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El Fida (31º 18,483’ N - 4º 15,048’ W)
a été restauré par l’État marocain et est ouvert au public. Il contenait un musée qui n’existe plus, mais le
bâtiment peut être visité moyennant une pourboire pour le gardien. On y arrive depuis Rissani par la route de Mezguida.

Palais El Fida : patio central |

Palais El Fida : le hammam |

Portail de la mosquée d’Abbar
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Abbar (31º 16,666’ N - 4º 15,094’) n’est plus qu’un amas
de ruines, où on distingue quelques portails curieusement intacts, présentant un magnifique décor de style citadin. On y arrive à
pied par un sentier vers le sud depuis le mausolée de Moulay Ali Chérif.
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Oulad Abdelhalim (31º 16,209’ N - 4º 14,510’ W)
est en cours de restauration mais on peut le visiter aussi. Pendant longtemps, ce fut la résidence du représentant du sultan dans
l’oasis. Il comprend un quartier où habitaient les esclaves et un autre pour les Chorfa, en plus du palais lui-même. La dernière
reconstruction est datée par une inscription en 1846, mais son origine est du XIVe siècle.
Un peu plus à l’est, de l’autre côté de la route qui mène à
Oulad Abdelhalim, on découvre les restes du ksar Tighmert (31º 16,821’ N 4º 14,736’ W), qui appartenait également
au sultan et qui fut détruit en 1919 au cours d’une terrible bataille entre l’armée française et les résistants Aït Atta.
Un autre palais, appelé Dar Beida (31º 17,605’ N 4º 13,399’ W), fut bâti au XVIIIe siècle par ordre de
Sidi Mohamed Ben Abdellah et est lui aussi dans un état pitoyable.

Ruines du ksar Tighmert |

Ksar Oulad Abdelhalim, 2009 |
Quant aux ksour habités par la population locale, ils sont éparpillés
dans toute la palmeraie ; on peut accéder à nombre d’entre eux par le « circuit touristique »
qui naît près du mausolée de Moulay Ali Cherif et aussi à partir de la route de Mezguida.
Mentionnons le ksar Mezguida
(31º 19,454’ N - 4º 15,451’ W) pour sa valeur architecturale, le ksar Tabouassamt
(31º 14,386’ N - 4º 16,455’ W) pour son importance historique, le ksar Ouighlane
(31º 15,576’ N - 4º 17,193’ W) pour sa grande taille et parce qu’il est encore complètement habité, le
ksar Serghine (31º 15,441’ N - 4º 13,255’ W) par de ses ruelles absolument obscures et enfin le ksar Tingheras
(31º 13,359’ N - 4º 18,193’ W) juché sur une colline d’où l’on découvre toute l’oasis.

Ksar Tingheras
Au Tafilalet il y a aussi plusieurs ksour où l’on travaille la poterie,
comme Guelagla (31º 19,929’ N - 4º 18,339’ W), Charfat Bahaj (31º 14,304’ N 4º 17,495’ W)
et Moulay Abdelah Dkak (31º 17,259’ N 4º 17,149’ W).
Enfin, à l’intérieur de Rissani se trouve le ksar
Abou Am (31º 16,916’ N 4º 16,147’ W), restauré et totalement habité.
Son portail présente un certain style urbain, comme dans beaucoup d’autres ksour du Tafilalet qui, par le biais des caravanes,
ont subi l’influence de Fès. Ce ksar est l’un des plus visités par les touristes.

Portail du ksar Abou Am
Une centaine de mètres au nord d’Abou Am, on voit la kasbah
du XIIIe ou XIVe siècle qui donna son nom à la ville actuelle. En fait de "kasbah", c’est en réalité un fort construit par le sultan
en zone rurale, et cette construction n’a aucun rapport avec les kasbahs que nous avons vues au long de notre voyage. Une partie de cette kasbah de
Rissani (31º 17,074’ N - 4º 16,121’ W) est occupée aujourd’hui par un petit musée où sont exposés
les objets trouvés dans les feuilles de Sijilmassa (accès libre).

De Rissani on peut continuer par la route goudronnée jusqu’à
Merzouga pour voir le désert et les dunes de l’Erg Chebbi.
Mais là, pas de construction en pisé, car les habitants étaient des nomades qui habitaient dans les khaimas.
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